Charge mentale : comment le travail empoisonne notre vie privée

17 novembre 2019 | Stress Travail et Santé

Nous dévoilons une étude Ifop-MOONCARD inédite consacrée à la charge mentale professionnelle, qui s’appuie sur un échantillon représentatif de plus de 1 000 cadres français, avec 30 questions posées.

Les enseignements principaux de cette étude IFOP

  • Le constat : le boulot s’immisce partout dans notre vie privée. 95% des cadres pensent à leur travail le soir à la maison (60% « souvent »), 94% le week-end, 62% en faisant du sport, 20% en faisant l’amour.
  • La cause : les cadres vivent le « syndrome du vase qui déborde ». 81% des cadres affirment avoir globalement plus de choses à faire qu’avant, 74% recevoir trop de messages électroniques, 77% avoir « trop de tâches à gérer en même temps ». Au hit-parade des plus pénibles : la gestion des mails et la fréquence des réunions (63%), ainsi que la gestion des notes de frais (41%).
  • Les conséquences : cette charge mentale professionnelle est dangereuse pour la vie personnelle, familiale et conjugale (voire la santé ) des cadres. Ceux qui pensent très souvent au travail en rentrant chez eux sont 75% à éprouver « souvent » des problèmes de sommeil57% à connaître des tensions dans leur couple du fait de leur travail tandis que 73% « souvent » des difficultés à concilier vie pro et vie perso.
  • Le fléau de la charge mentale professionnelle est universel : les provinciaux sont autant touchés que les Parisiens (60 % pensent « souvent » au travail le soir contre 59 % à Paris), et le sujet concerne presqu’autant les hommes (58 %) que les femmes (64 %).

Le constat général : le boulot s’immisce partout dans notre vie privée.
Il s’invite sous notre toit, dans nos loisirs et même sous la couette.

1 – Le travail s’immisce jusqu’à chez nous le soir

95% des cadres interrogés déclarent qu’il leur arrive de penser à leur travail le soir en rentrant à la maison, et 60% jugent que cela leur arrive « souvent ». Une réalité qui touche toutes les catégories de la population : les jeunes, souvent décrits comme moins engagés dans l’entreprise, sont aussi nombreux que leurs aînés à penser au boulot après la journée de travail (58% des -35 ans y pensent « souvent » vs 59% des +35 ans). Les provinciaux sont autant concernés que les Parisiens (respectivement 60% et 59%) et les cadres du public un peu plus que ceux du privé (67% contre 59%).
Sans surprise, le fait de penser au travail le soir est hyper corrélé avec le niveau de stress ressenti. 85% des salariés « souvent » stressés dans leur vie professionnelle pensent « souvent » au travail le soir, c’est deux fois plus que ceux qui se disent « rarement » stressés.
Ces préoccupations professionnelles poursuivent également les Français après leur semaine de travail, pendant le week-end : 94% des cadres disent penser au travail pendant le week-end, dont 52% « souvent ». Le fait d’avoir une famille n’aide nullement à déconnecter, au contraire, ceux qui ont deux enfants ou plus sont beaucoup plus nombreux à songer souvent au travail pendant le week-end que ceux qui n’en ont pas (65% contre 47%). On peut postuler que les parents sont contraints – davantage que les autres – d’anticiper leur semaine de travail à venir en jonglant avec les contraintes familiales prévisibles.
Le sport n’est pas non plus une occasion de déconnecter, en tous cas pas pour tous : 62% des cadres affirment penser au boulot, de temps en temps ou souvent, lorsqu’ils pratiquent une activité sportive.Un chiffre qui monte à 69% pour les moins de 35 ans.
Pire sans doute, le travail s’immisce jusque dans notre lit : 20% (!) des cadres interrogés déclarent qu’il leur arrive de penser au travail en faisant l’amour. Une situation presqu’aussi fréquente chez les hommes (19%) que chez les femmes (22 %) et qui concerne plus particulièrement les jeunes (26% des moins de 35 ans) – voir focus ci-dessous.

2 – La cause de cette charge mentale : le syndrome du vase qui déborde

Le constat, alarmant en soi, l’est peut-être davantage encore quand on cherche à en connaître les causes. Car les cadres confient de façon quasi-unanime être victimes d’un phénomène structurel de trop-plein. Comme un vase qui déborderait, leur journée de travail ne leur permet tout simplement plus de faire face à leurs obligations, ils sont dès lors condamnés à importer à la maison les sujets rencontrés au bureau.
Trop de travail. 81% des cadres affirment qu’ils ont « globalement plus de choses à faire qu’il y a quelques années ».
Un niveau ultra-majoritaire qu’on retrouve chez les Parisiens comme les Provinciaux, les jeunes comme les séniors, les hommes comme les femmes, les salariés de petites comme de grandes entreprises : dans toutes ces catégories les chiffres oscillent entre 78 et 82%. La densité extrêmement forte des réponses traduit bien le caractère universel de ce phénomène.

Trop de choses à faire à la fois. 77% des personnes interrogées jugent qu’elles ont « trop de tâches à gérer en même temps ».
Au hit-parade des tâches jugées les plus pénibles, on retrouve celles liées aux contraintes internes : dans l’ordre la gestion des mails, jugée pénible à 63% à égalité avec la fréquence des réunions, devant les obligations de reporting (59%). Et celles qui n’ont pas trait directement au travail : la « charge administrative » la plus pénible selon les salariés est la gestion des notes de frais (41%), devant les sujets liés à la gestion de la rémunération (salaire, prime, épargne salariale), la santé (visite médicale, sécurité sociale, mutuelle etc) et aux congés (demande, délai d’attente, accord, répartition entre collègues).
Trop de mails. 74% des cadres jugent aussi qu’ils reçoivent trop de messages électroniques.
On pourrait croire que les jeunes sont plus tolérants à l’afflux de mails : il n’en est rien, 66% d’entre eux estiment qu’ils reçoivent trop de messages, un chiffre à peine inférieur à la moyenne.
Au final, ce n’est donc pas une surprise si une majorité de cadres – pourtant rompus à l’exercice de responsabilités – concède à 80% qu’il leur arrive d’avoir « l’impression qu’ils ne vont pas s’en sortir », 36% éprouvant même « souvent » cette sensation.

La conséquence : la charge mentale professionnelle est dangereuse pour la santé (de notre vie personnelle, de notre vie familiale, de notre vie de couple)


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