En ce mois de septembre 2025, une pétition est lancée auprès du Conseil économique, social et environnemental pour inscrire la Sociovigilance dans l’agenda du gouvernement et en faire une réalité. La Sociovigilance marque un tournant dans la manière dont les risques liés au travail sont perçus et gérés. Elle propose de passer d’une logique réactive à une vigilance anticipative et systémique.
Pourquoi la Sociovigilance ?
Chaque année en France, plus d’un million d’accidents du travail et de maladies professionnelles sont recensés. En 2023, 1 287 travailleurs ont perdu la vie. Ce n’est ni une guerre, ni une épidémie : c’est le prix d’un travail délétère.
Face à un système actuel fragmenté, incapable d’endiguer ce désastre humain et économique, la Sociovigilance – une vigilance sanitaire spécifique à la santé au travail – propose une approche inédite pour protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Elle vise à dépasser les limites des politiques actuelles, en érigeant une gouvernance unifiée et proactive dédiée à la prévention des risques professionnels.
Cette approche ne se contente pas de réagir aux crises ou d’intervenir après l’apparition des troubles. Elle ambitionne au contraire de détecter les signaux faibles, d’anticiper les risques émergents et de déployer des solutions adaptées avant que les problèmes ne deviennent critiques.
La Sociovigilance repose sur une redéfinition profonde des priorités en matière de santé publique. Elle place la dignité des travailleurs au cœur de son dispositif, affirmant que la santé au travail ne se limite pas à une question de conformité réglementaire, mais constitue un droit fondamental, indissociable d’une citoyenneté pleine et entière.
Cette vision s’inscrit dans un cadre global où la protection des individus devient un levier de transformation sociale, renforçant à la fois la justice, l’efficacité économique et la durabilité des modèles organisationnels.
En résumé, la sociovigilance, c’est :
● Détecter les signaux faibles grâce à une veille nationale et scientifique ;
● Coordonner les réponses via une gouvernance unifiée et un portail centralisé de signalements ;
● Intervenir sur le terrain par des équipes pluridisciplinaires capables d’accompagner entreprises et travailleurs.
Au cœur de la Sociovigilance se trouve la création d’une autorité indépendante : le Défenseur du droit à la santé et à la dignité au travail. Chargée de coordonner les efforts en matière de prévention, cette institution s’appuie sur de deux pôles complémentaires : un Pôle scientifique et un Pôle d’intervention.

Cette autorité, accessible à tous les travailleurs, quel que soit leur statut (salariés, fonctionnaires, contractuels, indépendants, intérimaires, travailleurs des plateformes, apprentis, stagiaires) fonctionnerait par saisine ou auto-saisine, en s’appuyant sur les données issues des signalements sur la plateforme numérique dédiée et des missions de veille.

En septembre 2025, une pétition est lancée auprès du Conseil économique, social et environnemental pour inscrire la Sociovigilance dans l’agenda du gouvernement et en faire une réalité.
Pour en savoir plus, téléchargez le dossier de présentation complet :
« Sociovigilance : le défenseur du droit à la santé et à la dignité au travail »

* Nina Tarhouny est Docteure en droit et spécialiste des risques psychosociaux au travail.