Neuf policiers se sont donné la mort depuis le début de l'année

Suicide Au Travail

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La police connaît une vague de suicide qui dépasse déjà le bilan de l’ensemble du mois de janvier de l’année passée, selon un décompte d’Unité SGP Police qui dénonce un chiffre «impressionnant et dramatique».

C’est un chiffre particulièrement préoccupant: neuf fonctionnaires de police se sont suicidés depuis le début de l’année, selon un décompte publié mardi par le syndicat Unité SGP Police FO. Trois d’entre eux se sont donnés la mort ces trois derniers jours: un CRS de la 16ème compagnie à Saint-Omer, un fonctionnaire de la Brigade des réseaux franciliens (BRF) et policier de la BAC de l’Essonne.
Atteint à la mi-janvier, ce bilan dépasse déjà celui de l’ensemble du mois de janvier de l’année passée. «C’est un chiffre impressionnant et dramatique», souligne Yves Lefebvre, secrétaire général de SGP Police FO. «Je ne connais pas une seule entreprise où une telle vague de suicides ne déclencherait pas immédiatement un plan d’urgence.» Yves Lefebvre dit avoir alerté mercredi le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, qui était présent aux vœux du syndicat.

Contexte de tension extrême

«Ce déferlement est dans la continuité de la fin d’année 2018», note le syndicat SGP dans un communiqué. Il est «malheureusement le fruit d’éléments trop complexes pour être résumé en quelques lignes», poursuit-il. De vive voix, Yves Lefebvre évoque plusieurs causes: «Quand vous avez un seul week-end toutes les six semaines, quand vous faites constamment des heures supplémentaires qui ne sont pas payées, quand les manifestations de ‘‘gilets jaunes » vous ont mis sous tension sans discontinuer depuis plusieurs semaines, vous arrivez à un point de rupture qui peut pousser à commettre l’irréparable.»
Ce contexte de tension extrême pèse indéniablement sur la vie familiale des policiers. «Les causes d’un suicide sont toujours multiples, mais les collègues sont toujours dans une situation plus ou moins similaire. «Cela commence souvent par une rupture conjugale, auquel s’ajoute un surendettement, puis une dépression…» détaille Nicolas Pucheu, adjoint à la communication chez Unsa Police, qui a été personnellement touché par ce type de drame. «En quinze ans de service, trois de mes amis proches se sont suicidés. Je connais peu de métiers où l’on est autant confronté à cela», dit-il.
Dans leur majorité, les policiers se donnent la mort avec leur arme de service. Faudrait-il revoir la législation qui, depuis les attentats de 2015, leur permet de conserver leur arme même en dehors des heures de service? Pour Nicolas Pucheu, le problème n’est pas là. «Les collègues dépressifs sont déjà contraints de restituer leur arme à l’issue de leur service. Mais cela ne les empêche pas de mettre fin à leurs jours au sein de leur service», note-t-il. C’est ce qui s’est passé pour un de ses bons amis, Xavier B., un brigadier chef qui s’est suicidé le 28 avril dernier dans les locaux du commissariat de Créteil. «Le matin du 28, il a pris son service, il a reçu son arme, il nous a salué. Puis il est allé dans le vestiaire et s’est tiré une balle.»
Nicolas Pucheu estime que la faiblesse vient plutôt de la prise en charge psychologique des policiers souffrants. «Dès lors qu’un collègue a des pulsions suicidaires, il faudrait immédiatement écarter l’arme de lui, et le faire bénéficier d’une prise en charge psychologique sérieuse. Actuellement, on est vaguement pris en charge par un médecin chef dont on ne sait pas comment il a obtenu son diplôme. Ce qui est certain, c’est qu’il n’est pas sorti major de sa promotion», dénonce-t-il.

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