Le travail divise-t-il les hommes?

Emploi et Chômage

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La question, posée au bac philo 2019, mérite que l’on s’y intéresse. Mais, sans s’aventurer sur le terrain philosophique, ne faudrait-il pas d’abord chercher à l’aborder sur un plan strictement économique et social? Éléments de réponses, en chiffres et en infographies.

La statistique nationale de l’Insee est formelle: les divisions existent dans le monde du travail. Les secteurs d’activité sont multiples, les catégories d’emploi segmentées et les contrats de travail différents. C’est pour atténuer ces disparités qu’un système de solidarité mutuel a été instauré dont les mécanismes caractérisent le système français.

  • L’activité segmentée

Le travail divise les hommes et la première des disparités s’opère entre les personnes qui ont un emploi et celles qui en sont privées. En 2018, selon l’enquête Emploi de l’Insee, la population active au sens du Bureau international du travail est estimée à 29,7 millions de personnes en France. Elle regroupe 27,1 millions d’actifs ayant un emploi et 2,7 millions de personnes au chômage, c’est-à-dire qui sont en recherche active d’un emploi.
Au sein même du marché de l’emploi, le travail divise les hommes dans la mesure où les activités sont spécialisées et donc segmentées. La loi des trois secteurs fractionne l’activité économique en trois univers: le secteur primaire avec la pêche, les forêts, les mines et les gisements; le secondaire regroupe les industries manufacturières et la construction et enfin le tertiaire c’est-à-dire les services. Aujourd’hui la majorité des actifs se trouve dans le dernier secteur avec plus de 75% des emplois.
Par ailleurs, les personnes en emploi sont divisées en catégories statutaires: cadres, employés et ouvriers. La nomenclature des fameuses «CSP», pour catégories socioprofessionnelles, a été conçue en 1954 et remplacée en 1982 par les PCS pour professions et catégories socioprofessionnelles. L’objectif, classer les individus selon leur situation professionnelle en tenant compte de plusieurs critères: le métier proprement dit, l’activité économique, la qualification, la position hiérarchique et le statut.


 

  • Des contrats diversifiés

Deux grands statuts s’opposent: les salariés d’une part et les non-salariés d’autre part. Les salariés sont également subdivisés entre secteur privé et secteur public. Enfin parmi les salariés du secteur privé, on distingue les personnes qui ont un emploi en contrat à durée indéterminée et celles qui ont un contrat à durée déterminée. Aujourd’hui, le CDI est toujours la règle avec 88 % de salariés concernés. Nous assistons depuis les années 1990 à la création de nouvelles formes de travail, notamment d’emplois précaires, qui selon l’Insee regroupent les statuts qui ne sont pas des contrats à durée indéterminée, l’intérim, les contrats à durée déterminée, l’apprentissage et les contrats aidés.

  • Spécialisation et société hiérarchisée

Enfin, en économie, la «division du travail», l’un des fondements de l’organisation des sociétés, ne symbolise-t-elle pas la division entre les hommes? Elle correspond à la spécialisation des tâches au sein d’une société, entre des individus, des métiers ou des groupes sociaux différents. Source d’efficacité, elle a pour cela été poussée à l’extrême par l’instauration du travail à la chaîne. Les théories des organisations analysent ainsi la division horizontale du travail par le degré de spécialisation des salariés. Ils sont alors bel et bien divisés par la nature même de leurs tâches et de leurs actions. D’un autre côté, la division verticale du travail porte sur la structure hiérarchique des organisations. Il s’agit ici de la séparation entre ceux qui décident et ceux qui exécutent.

  • L’union dans la consommation

Si le travail a tendance, par sa structure, à diviser les hommes, il contribue en revanche à engendrer de la cohésion. Tout travail mérite salaire et constitue ainsi la base d’un pouvoir d’achat. À partir de 1950, la croissance économique a entraîné le développement du salariat et une augmentation généralisée du niveau de vie. En effet, d’après l’étude «60 ans de consommation des ménages» l’Insee analyse la baisse continue de la part de budget des foyers consacre?e à l’alimentation et, à l’oppose?, la hausse de celle affecte?e à la sante? comme le reflet de la progression du niveau de vie. Le travail réunit les hommes dans la mesure où il permet à une grande majorité des Français de satisfaire leurs besoins vitaux et se constituer ainsi un rempart contre l’exclusion sociale.


Lire la suite, « Travail et solidarité », sur le site www.lefigaro.fr

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