Avec le confinement, les Français se montrent attachés à leurs collègues de travail

20 novembre 2020 | Evènements, Stress Travail et Santé

Le confinement et le développement du télétravail ont heurté de plein fouet les relations de travail, qui ont une place centrale dans nos vies.

L’idée est née au moment du déconfinement : par tablées de dix, dans le respect des gestes barrières et le plus souvent en extérieur, plus de 400 salariés d’Orange au total se sont réunis à travers la France pour un dîner entre collègues.

« Il fallait que les collègues puissent se retrouver, d’autant plus que la plupart restaient en télétravail deux à trois jours par semaine, raconte Sébastien Crozier, président du syndicat CFE-CGC d’Orange, organisateur de ces dîners de collègues. Les retours ont été positifs : certains nous disaient encore début juillet que c’était la première fois qu’ils sortaient dîner depuis le confinement. » Une phrase revenait souvent : « Que ça fait du bien de revoir ses collègues ! »

Des collègues à 87,2 % amicaux

Malgré les petits agacements quotidiens de la vie au travail, le confinement a montré combien les salariés français étaient attachés à des collègues qu’ils sont 87,2 % à trouver « amicaux », selon l’enquête conditions de travail du ministère du travail. Une étude menée en 2019 auprès des cadres par l’Insee et la Dares a montré que l’absence des collègues était pour cette catégorie une des principales difficultés du télétravail (1).

« Nous nous sommes aperçus que le télétravail ne dégrade pas la convivialité des conditions de travail, mais qu’il génère néanmoins un sentiment d’isolement », résume Amélie Mauroux, qui a mené l’étude du côté de la Dares. Spécialiste des conditions de travail, elle note aussi que « les bonnes relations avec les collègues ont un rôle plutôt protecteur vis-à-vis des risques psychosociaux, par exemple face à la dégradation des moyens ».

Des collègues pour « subvertir » la souffrance

Le travail est générateur de souffrance : c’est même l’étymologie du mot qui renvoie à un instrument de torture romain… Pour Stéphane Le Lay, chercheur à l’Institut de psychodynamique du travail, cette souffrance est même consubstantielle au travail. « Cette souffrance est normale et on va tenter de la subvertir en mettant en mouvement tout notre corps et notre intelligence pratique », résume-t-il.

À cet égard, les collègues auraient ici leur importance. « L’organisation du travail se trouve “verrouillée” par de nombreuses règles, souvent impossibles à respecter dans toute leur rigueur. Il faut donc en permanence y déroger et c’est dans la confiance avec les collègues qu’on va trouver les moyens de “tricher” ». D’où, à ses yeux, l’importance du « collectif de pairs » pour permettre de « subvertir » une souffrance qui s’exprimerait autrement par d’autres biais, comme les maladies professionnelles, le burn-out, les troubles musculo-squelettiques…

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(1) Sébastien Hallépée et Amélie Mauroux, «?Le télétravail permet-il d’améliorer les conditions de travail des cadres???», L’économie et la société à l’ère du numérique, Insee références, 2019.

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