France Travail tente de déconsidérer un travail de chercheurs qui met en évidence les dangers de l’industrialisation du traitement des demandeurs d’emploi (Août 2024)

Mise à jour le 23 septembre 2024 | Magazine

L’étude publiée par la Dares, dans le cadre de la valorisation de la recherche intitulée « Santé mentale et expérience subjective du chômage Une approche par la psychodynamique du travail«  expose les travaux, soutenus par la Dares, conduits par Antoine Duarte, maître de conférences en psychopathologie du travail à l’université de Toulouse Jean Jaurès, Stéphane Le Lay, sociologue associé et Fabien Lemozy, sociologue sur un sujet trop peu étudié, le lien entre chômage et santé mentale.

Mieux comprendre ce que la situation de chômage provoque sur leur santé des demandeurs d’emploi

Pour la première partie de la démarche les chercheurs ont interrogé 24 personnes en situation de chômage, dans 82 entretiens cliniques. Ces personnes ne constituent pas un échantillon représentatif de la situation des demandeurs d’emploi mais ont été incitées, sur une base volontaire, vers cette démarche par des psychologues de Pôle emploi, qui « ont orienté des personnes qui, selon eux, avaient besoin de faire un point pour mieux comprendre ce que la situation de chômage provoquait sur leur santé. »

De ces entretiens, les chercheurs dégagent la conviction que « la compréhension des rapports entre santé mentale et chômage ne peut se passer d’une mise en lumière des rapports antérieurs du sujet à ses activités professionnelles »

Un lien évident entre précarisation sociale et dégradation de la santé, psychique et mentale

Dans une deuxième partie, les chercheurs ont complété ces entretiens individuels par une démarche collective, avec un groupe de douze demandeurs d’emploi volontaires (parmi les invités à participer à une réunion d’information par une psychologue et deux conseillères de leur agence Pôle emploi) partageant la volonté de parler des questions de santé.

Le rapport issu des réunions collectives met bien en évidence le lien entre précarisation sociale et dégradation de la santé, psychique et mentale, mais aussi le poids des activités domestiques dans un contexte de précarité financière.

Il aborde la question des relations avec Pôle emploi, dont les chercheurs estiment qu’il se manifeste essentiellement sous l’angle de la résignation. Celle-ci nait de la conjonction

  • de la défaillance de l’accompagnement  « on est livrés à nous-mêmes », accentué par des difficultés liées au suivi dématérialisé et la prégnance du contrôle
  • de formations plus imposées que souhaitées, à l’efficacité limitée, voire nulle
  • de la faible prise en compte de la dimension psychique propre à chacun : temporalités, conséquences  de la confrontation répétée à l’échec

Le rapport formalise l’analyse cruelle du groupe de demandeurs d’emploi sur l’institution :

« Les discussions collectives ont révélé que, loin de constituer une institution au service de la recherche d’emploi, Pôle Emploi est une institution de prescription/contrôle/sanction des individus les plus dominés, qui ne tient guère compte des conditions effectives de faisabilité des exigences prescrites. En cela, Pôle Emploi est un instrument de domination sociale, en dépit des petites «poches» où peuvent se déployer des coopérations réelles entre demandeurs d’emploi et agents de l’institution – qui les obligent à entretenir un rapport subjectif au travail d’un type spécifique, car ils doivent contourner les contraintes de leur organisation prescrite du travail. »

Lire la suite, édifiante, sur le site Alternatives Économiques


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