Le député socialiste Benoît Hamon a déposé mercredi 17 février une proposition de loi favorisant la reconnaissance du burn-out, signée au total par 83 députés de gauche (socialistes et écologistes).
Le texte suggère de faciliter l’instruction et la reconnaissance individuelle des cas d’épuisement professionnel par les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles. Ainsi, « les dossiers pourront être plus nombreux à être instruits » et « la reconnaissance de ces pathologies psychiques liées au travail sera réelle », plaide M. Hamon.
Mais en légiférant sur le burn-out, « on met la charrue avant les bœufs », estime la veille Jean-Pierre Olié, psychiatre et coauteur du rapport de l’Académie française de médecine sur l’« effondrement professionnel » présenté juste un jour auparavant. Car si le problème est réel, il est encore mal défini. Après avoir auditionné des professionnels concernés par la problématique (psychiatres, médecins du travail, neurobiologistes), la commission psychiatrie et santé mentale de l’Académie met en garde : « En l’état actuel, le burn-out ne peut pas être un diagnostic médical. » Avant de nuancer : « Il existe une réalité qui mérite l’attention, il faut des recherches pour borner cette notion. »
La pathologie s’apparente « soit à un trouble de l’adaptation, soit à un état de stress post-traumatique, soit à un état dépressif », peut-on lire dans le rapport présenté par l’Académie de médecine. Le débat reste ouvert sur son ampleur, ses causes, ses effets ou encore les «facteurs favorisant» son apparition.
Or, si les praticiens s’entendent à dire que la définition est loin d’être évidente, la reconnaissance du burn-out poursuit son parcours législatif. Malgré la résistance du Sénat, elle avait été introduite dans la loi sur le dialogue social adoptée définitivement en juillet 2015. Le texte permet aux « pathologies psychiques » d’être reconnues comme maladies d’origine professionnelle, par le biais d’une démarche individuelle laborieuse.
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