Confiance en soi, regard des autres… difficile de reprendre le chemin du bureau après un burn-out. Marie Pezé, experte de la souffrance au travail, donne ses conseils.
« J’ai fait un burn-out il y a quatre ans. C’était l’enfer. Mais rétrospectivement, c’est la meilleure chose qui pouvait m’arriver », confie Sylvie (son nom a été modifié).
Comme elle, 80% des gens victimes d’un burn-out retrouvent un poste plus qualifié que celui qu’ils ont quitté, mais souvent dans des services de taille plus modeste.
Avant d’en arriver là, le chemin reste souvent long et douloureux. Marie Pezé, psychologue, experte de la souffrance au travail, intervenante sur le salon Vitaelia, explique comment se reconstruire et reprendre sereinement le travail.
1 – Consulter les bonnes personnes avant de revenir au travail
« Certains professionnels remontent aux névroses infantiles pour expliquer les relations conflictuelles avec les supérieurs hiérarchiques. Je ne pense pas que cela soit nécessaire dans un premier temps. Attention à ne pas trop psychologiser le burn-out ! Et c’est une psychanalyste qui vous dit ça, aussi surprenant que cela puisse paraître. Votre mal est bien réel, mais il vaut mieux aller vers des professionnels de la souffrance au travail. »
2 – Bien analyser les causes premières de l’épuisement professionnel
« Souvent, après quelques séances, les patients me disent ‘je me sens fatigué depuis le départ de mon collègue à la retraite’, ou ‘le burn-out a commencé au moment où le nouveau manager est arrivé’. Il faut absolument analyser les causes de l’épuisement avant de remettre le pied à l’étrier. Est-ce la mise en place de nouvelles pratiques de management, une fusion-rachat, un plan de départ ? Toutes ces modifications peuvent influer sur la fatigue des salariés. »
3 – Remodeler son poste
« La plupart du temps, les patients récupèrent vite une vie familiale, sociale, associative de qualité. Mais dès qu’ils reposent un pied dans leur ancienne entreprise, ils rechutent.
Il faut revoir en amont ce qu’ils peuvent accepter ou non, quitte à redéfinir les contours de leur ancien poste. Prendre un temps partiel plutôt qu’un temps plein. Revoir le nombre de tâches qui leurs sont allouées. Sinon, ils vont droit dans le mur. »
4 – Oser en parler à ses collègues et à son patron
« Généralement, le salarié se sent honteux d’avoir fait un burn-out. Il ne le dit pas à ses collègues. Pourtant, ils peuvent l’aider en le déchargeant d’une partie de ses tâches.
Le problème, c’est que le burn-out révèle souvent une surcharge de travail de l’équipe dans son ensemble. Le chef doit en parler avec le salarié et organiser des réunions avec tout le service pour repenser la répartition des tâches.
Il ne faut surtout pas penser qu’après un burn-out le salarié a besoin de reprendre la totalité de ses attributions pour regagner confiance en lui.
Inutile de rêver, il n’a plus, tout du moins les premiers jours de son retour, les mêmes capacités de travail, il y a un temps d’adaptation nécessaire. »
5 – Penser à une éventuelle reconversion
« Si leur ancien poste ne leur convient plus du tout ou que l’entreprise ne veut pas s’adapter, il est temps de penser à la reconversion. Le mieux reste de faire un bilan de compétences, voire une autre formation, et surtout de ne pas hésiter à se lancer. 80% des gens qui ont fait un burn-out retrouvent un poste avec plus de responsabilités que celui qu’ils occupaient auparavant. Souvent, ils créent leur société dans une autre branche. Ils profitent de cette pause dans leur vie professionnelle pour se réorienter et développer l’une de leurs passions. »
6 – Écouter son corps
« Il faut prendre du temps pour soi et en profiter pour faire des activités. Je conseille souvent le yoga, la méditation. Ces disciplines permettent d’apprendre à écouter son corps.
Les personnes en burn-out ont été au moins pendant quelques mois dans le déni de leur souffrance corporelle.
Généralement, quand ils retournent au travail, les salariés sont plus à l’aise et plus alertes. Ils savent déceler les signes d’une rechute, fatigue, irritabilité, perte de mémoire. Y compris chez leurs collègues, car ils ont déjà vécu cette expérience douloureuse. »
Une liste des Consultations Souffrance et Travail et des Cliniciens Spécialisés est à votre disposition sur le site www.souffrance-et-travail.com
Via le site du Nouvel Observateur