Paris, 19 mars 2015 – Orange va lancer une négociation sur la charge de travail, a-t-on appris jeudi auprès des syndicats et de la direction de l’opérateur après une réunion du Comité national de santé, d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CNSHCT).
« Nous allons ouvrir avant la fin du premier semestre une négociation sur une méthode de mesure de l’évolution de la charge de travail », a indiqué à l’AFP le directeur des ressources humaines d’Orange, Bruno Mettling.
Une autre négociation sera lancée « avant le 30 juin sur la reconnaissance des compétences » des salariés, en marge des négociations salariales.
Ces annonces interviennent alors qu’Orange prévoit 25.000 départs d’ici 2020, essentiellement à la retraite. Le groupe entend ne remplacer qu’environ un départ sur trois et s’engage à recruter 1.900 personnes en CDI en 2015 et 2016.
« Pour nous, c’est quelque chose d’important », a réagi Jean-Bernard Berthelin (CFDT). « Il y a une réduction d’effectifs qui est bien présente et le problème se pose pour ceux qui restent » et doivent assumer une charge de travail plus lourde, a-t-il expliqué.
Le syndicaliste indique que son organisation « portera le problème des effectifs, qui est le premier moyen ».
Pour Fabienne Viala (CGT), la réunion n’a toutefois pas débouché sur « des mesures qui sont de nature à nous rassurer pour les salariés » car cela reste « toujours sur de la prévention tertiaire », ce qui revient à traiter les symptômes.
« Nous allons porter la question de l’emploi », a-t-elle déclaré, soulignant que « les salariés sont soumis à une charge de travail accrue ».
Elle a relevé qu’il y avait eu une recrudescence des suicides en début d’année, comme l’an dernier, au sein de l’ex-France Télécom, son syndicat recensant 6 drames en janvier, sans toutefois faire de lien clair avec le travail.
Pour Philippe Méric (SUD), ces annonces de négociation sont « un point d’avancée mais qui ne règlera pas le problème des suicides ». Il faut « s’attaquer aux véritables causes de la souffrance au travail », dit-il.
Lors de la réunion, décision a aussi été prise de faire systématiquement un point en CHSCT en cas de suicide d’un salarié, alors que c’était jusqu’à présent à l’initiative de l’instance.
Cette réunion a été organisée environ un an après un droit d’alerte émis par les représentants du CNHSCT, qui signalait une dégradation de la situation dans l’entreprise, marquée par une vague de suicides en 2008-2009.
Un audit est en cours depuis, au sein du groupe qui compte quelque 100.000 salariés en France, pour examiner l’application réelle des accords sociaux, a rappelé la CFDT.
Via L’Express