Les livreurs à vélo Deliveroo en ont plein le dos

05 mars 2020 | Dans la Loi, Stress Travail et Santé

Les prud’hommes viennent de reconnaître l’existence d’un contrat de travail entre la plateforme Deliveroo et un livreur à vélo. Mais les coursiers se rebiffent aussi contre leurs conditions de travail et souhaiteraient une expertise de l’Anses. Certains ont boycotté les livraisons de dîners romantiques le 14 février.

Officiellement, les quelque 11 000 coursiers de Deliveroo ne sont pas salariés. Sauf un. Décision logique après l’arrêt de la Cour de cassation de novembre 2018 concernant un livreur d’une autre plateforme (Take eat easy), un juge départiteur du conseil de prud’hommes de Paris a requalifié en contrat à durée indéterminée la prestation de service d’un livreur à vélo. Celui-ci avait pédalé pendant six mois pour Deliveroo comme autoentrepreneur. « Avec tous les inconvénients du salariat sans aucun des avantages de l’indépendance », ainsi que l’a résumé son avocat, Kevin Mention, lors d’une conférence de presse organisée le 12 février par le Collectif des livreurs autonomes parisiens (Clap). A cette occasion, Me Mention a appelé les livreurs à le contacter en vue de mutualiser les dossiers. 
Dans cette affaire, toutes les preuves de la subordination du coursier à l’entreprise britannique ont été apportées. Elle a été condamnée pour travail dissimulé, avec le versement d’une indemnité de 30 000 euros au plaignant. Dans la foulée, le Clap a décidé de se constituer en syndicat et d’appeler au boycott, le 14 février, des plateformes de livraison de repas. Certains ont en outre bloqué l’accès à la dark kitchen de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) ; dans cette « cuisine partagée » appartenant à Deliveroo, des restaurateurs louent des box pour la préparation à la chaîne de plats commandés en ligne et livrés par les coursiers de l’entreprise1

Une charge pouvant aller jusqu’à 20 kilos

Le jour de la Saint-Valentin, les livreurs Deliveroo étaient donc moins nombreux à foncer sur les pistes cyclables, un gros cube bleu et noir sur le dos. Bien rempli, celui-ci peut peser jusqu’à 20 kilos. Pas facile de pédaler avec cette charge sur les épaules, d’autant que ces sacs ne sont pas du tout ergonomiques. « Ils ne sont pas collés à notre corps et ça casse le dos », indique Arthur Hay, ancien livreur Deliveroo, aujourd’hui secrétaire général du syndicat CGT des coursiers à vélo de Gironde. La plateforme a mis un terme à leur « collaboration » à partir du moment où le Bordelais, excédé par ses conditions de travail éreintantes, s’est rapproché de la CGT pour créer le premier syndicat de la profession en France, en novembre 2017. Lequel constate une montée des troubles musculo-squelettiques (TMS) chez les cyclistes. Beaucoup souffrent de mal de dos remontant jusqu’au cou et aux mains, sur lesquelles ils s’appuient en permanence. 
Au-delà du ressenti et des témoignages de ces travailleurs uberisés, quelle est la réalité de leurs conditions de travail ? Du fait de leur statut d’indépendant, aucune statistique officielle n’existe. C’est pourquoi le syndicat prépare une saisine de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) afin que cet organisme étudie les risques pour la santé des livreurs à vélo et leur accidentologie. Un point important pour Arthur Hay, désormais salarié de la coopérative Coursiers bordelais : « Les sacs en forme de gros cube créent les angles morts très dangereux, d’où des chutes fréquentes. »

Lire la suite, « Dangereuse course contre la montre », sur le site www.sante-et-travail.fr

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