Chef de service au CHU de Clermont-Ferrand, il démissionne pour protester contre "la destruction de l'hôpital public"

22 octobre 2018 | Stress Travail et Santé

Il a tenté de mobiliser contre « la destruction de l’hôpital public » en démissionnant de son poste de chef de service de chirurgie gynécologique au CHU Estaing de Clermont-Ferrand. Une démission comme un baroud d’honneur.

Le professeur Michel Canis, chef du service de chirurgie gynécologique du CHU de Clermont-Ferrand a démissionné. Il continue d’exercer la médecine au CHU mais le sentiment d’impuissance était trop fort. L’impression de n’être là que pour « faire avaler des pilules toujours plus amères aux personnels et aux médecins du service et des pilules décidées par d’autres, très loin d’ici ». Pour rester en accord avec ses convictions, il ne veut plus « servir de courroie de transmission de décisions qu’il désapprouve ». Décisions qui finissent, selon lui, par gêner le fonctionnement de l’hôpital public.
Faire plus avec moins. « L’impératif financier compromet la prise en charge des patients avec qui parler devient un exploit, rend les conditions de travail des infirmières tellement difficiles que beaucoup “craquent” allant parfois jusqu’au suicide. Au bloc opératoire, le temps est devenu le critère majeur, il faut remplir les salles pour “rentabiliser” les équipements, mais finir à l’heure pour laisser la place aux autres ou éviter les heures supplémentaires. Il faut faire plus avec moins, remplacer les secrétaires avec la dictée vocale et les secrétariats en ligne ou limiter le temps de prise de rendez-vous comme si l’accueil du patient et la prise en compte de sa situation n’était plus le rôle essentiel de la secrétaire hospitalière ! », concède le gynécologue. Réduire les lits, ne pas pouvoir investir dans des projets…

Des années de restrictions budgétaires

Qualité des soins. Selon lui, après des années de restrictions budgétaires, ces « économies financières sont hors de propos et inacceptables lorsqu’elles compromettent gravement la qualité des soins ». Pour exemple, il cite les caméras avec lesquelles il opère qui vieillissent, dont l’image s’assombrit… et ne sont pas remplacées. En chirurgie gynécologique, les listes d’attentes s’allongent… « L’indication médicale peut être parfois modifiée parce qu’on sait que l’on n’a pas de place au bloc opératoire avant six mois ! ». Un paramètre qui modifie l’approche thérapeutique. Et de donner l’exemple d’une femme de 38 ans qui vient pour un problème de stérilité et qui est orientée vers la PMA (procréation médicale assistée) faute de programmation chirurgicale avant six à huit mois…

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