La France, championne des dépressions dues au harcèlement moral

Stress Travail et Santé

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Les risques psychosociaux au travail représentent un fardeau économique, social et mènent à des pathologies, pas toujours reconnues comme des maladies professionnelles.

Imaginez… D’un côté, vous craignez quotidiennement de perdre votre emploi, de l’autre, vous développez une maladie cardiovasculaire. Autre scénario : vous avez l’impression de fournir des efforts considérables au boulot, sans jamais être récompensé, et en même temps, vous faites une dépression.

D’emblée, vous ne feriez pas le lien. Et pourtant, les risques psychosociaux (RPS) subis au travail peuvent bel et bien mener à des maladies, qui ne sont pas toujours reconnues comme professionnelles. C’est ce que montrent Hélène Sultan-Taïeb, économiste de la santé au travail (à l’Université du Québec à Montréal) et Isabelle Niedhammer, épidémiologiste (à l’Inserm), dans une étude menée à l’échelle européenne, financée par l’institut de recherche indépendant European Trade Union Institute (ETUI).

Pour calculer la part des pathologies attribuables aux RPS1, les deux chercheuses se sont appuyées sur l’enquête européenne sur les conditions de travail (Eurofound) – les chiffres datent de 2015 – et sur une revue de littérature scientifique.

« Nous avons ciblé cinq risques psychosociaux, précise Hélène Sultan-Taïeb. Pour commencer, le “job strain”, c’est-à-dire la combinaison de fortes exigences psychologiques et de faibles marges de manœuvre au travail. Ensuite, le déséquilibre entre efforts fournis et récompenses – en termes de salaires, de promotion, de respect de la part de son manager, de ses collègues etc. Troisième facteur, l’insécurité de l’emploi – quand on craint de perdre son emploi dans les six prochains mois. Puis, le temps de travail prolongé (55 heures et plus par semaine) et enfin, le harcèlement moral. »

(Pas) Cocorico… La France arrive en tête en termes de dépressions attribuables au harcèlement moral au travail

Les résultats de l’étude permettent de dire de quels maux souffrent les travailleurs et travailleuses européens à cause des RPS. Et, point intéressant, des spécificités apparaissent selon les pays. Ainsi, la France arrive en tête en termes de dépressions attribuables au harcèlement moral au travail.

« Sur l’ensemble des cas de dépression des 15-64 ans employé·es en 2015, 19 % étaient attribuables au harcèlement moral au travail, souligne Hélène Sultan-Taïeb. C’est impressionnant car la moyenne européenne est d’environ 9 %. Cela semble traduire une spécificité française des modes de management dans les entreprises. »

Connaître ce lien entre risques psychosociaux au travail et maladies est important, puisqu’il implique des conséquences. Économiques d’abord : lorsqu’une maladie professionnelle est reconnue et indemnisée par la branche AT-MP de la Sécurité Sociale, elle est financée par les employeurs via leurs cotisations.

« En revanche, lorsqu’une maladie d’origine professionnelle n’est pas reconnue, elle est prise en charge par la branche Assurance maladie, qui, elle, est financée par les cotisations employés et employeurs, alerte l’économiste de la santé au travail. Le fardeau économique d’une maladie d’origine professionnelle, mais non reconnue comme telle, est donc porté par l’ensemble des contribuables. »

C’est le cas, par exemple, des maladies cardiovasculaires attribuables au « job strain » qui représentent 4 % des maladies coronariennes en France des 15-64 ans en 2015.

« Les médecins sont souvent sensibilisés à l’impact du stress au travail sur les maladies cardiovasculaires, mais on ne fait jamais de déclaration à la branche AT-MP. Quand une personne a un problème cardiovasculaire, c’est rarissime d’y voir une maladie professionnelle. »

Lire la suite, « Des actions de prévention bénéfiques », sur le site www.alternatives-economiques.fr


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