Les salariés du pôle jeunesse du groupe La Martinière, soit 16 personnes depuis le rachat des éditions du Seuil, ont organisé un débrayage cet après-midi après une assemblée générale. Ils dénoncent un management du pôle qui pèse sur la santé, le moral et le travail des équipes.
« Infantilisation », « culpabilisation », « pertes de responsabilités »… Les salariés ne dissimulent pas les nombreux reproches à l’encontre de la direction du pôle jeunesse des éditions de la Martinière, « et cela fait plus de 10 ans que cela dure », glisse-t-on dans la conversation. Au moment du rachat des éditions du Seuil, en 2004, les pôles jeunesse des deux éditeurs sont fusionnés en un seul, placés sous la direction de Béatrice Decroix, responsable auparavant de la jeunesse pour les éditions de la Martinière.
Béatrice Decroix n’est autre que l’épouse d’Hervé de la Martinière, le PDG du groupe, et les salariés du pôle jeunesse contestent aujourd’hui sérieusement ses méthodes : « Elle vérifie absolument tout ce que font les employés, ce qui lui prend évidemment un temps fou, organise des réunions à 17 h 30, envoie des mails en dehors des heures de travail et met énormément de temps à fournir les réponses aux demandes de RTT », nous explique-t-on. Béatrice Decroix imposerait ainsi un rythme de travail similaire au sien, mêlant vie privée et temps en entreprise, à ses salariés.
En décembre 2015, ces problèmes de management ont été signalés à la direction des ressources humaines du groupe, avant l’intervention, en février 2016, d’un médecin du travail qui a reconnu les risques psychosociaux induits par un tel management. Après une réunion « pas du tout productive » au cours de l’été 2016, c’est l’inspection du travail qui s’est intéressée à la situation du pôle jeunesse en évoquant sérieusement auprès d’Hervé de La Martinière et de Béatrice Decroix la possibilité d’ouvrir une enquête.
À ce stade, une solution a été proposée aux salariés : l’embauche d’un manager pour remplacer Béatrice Decroix, sans lui enlever la direction éditoriale du pôle.
Une enquête ouverte pour harcèlement moral
Une proposition qui n’a convaincu ni les salariés ni le psychologue du travail de la médecine du travail : en décembre dernier, il a fait parvenir un courrier au siège du groupe pour préconiser la prise de distance entre la responsable du pôle et les salariés.
Malgré tout, le groupe a suivi ses plans, et un nouveau manager a pris ses fonctions il y a quelques jours « en essayant à la fois de temporiser, de rassurer les salariés, et de prévenir que le chiffre d’affaires du pôle jeunesse, qui représente 10 % du CA global, devait être sauvegardé ». Ce nouveau manager, issu de l’industrie pharmaceutique, ne sera présent que de manière temporaire – sans que les salariés ne bénéficient de plus d’informations.
« Nous maintenons toutefois notre débrayage », nous précise-t-on, « car la directrice éditoriale est toujours en poste malgré les alertes ».
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