La Direction générale de la police nationale (DGPN) rencontre ce mercredi après-midi [5 novembre 2014] les organisations syndicales pour évoquer la douloureuse question des suicides dans la police. Philippe Capon, secrétaire général de l’Unsa Police, confie au Figaro ce qu’il attend de cette rencontre.
LE FIGARO. – Comment lutter contre les suicides dans la police ?
Philippe Capon, secrétaire général Unsa Police. – Depuis le début de l’année 2014, 46 policiers se sont donnés la mort. Au cours de ces cinq dernières années, la moyenne des suicides dans la police nationale tourne autour de 42 par an. Ce chiffre est extrêmement inquiétant et révélateur d’un mal-être profond dans la police. Ce désarroi ne touche pas seulement les gardiens de la paix, mais tous les échelons de la police. Nous aimerions déjà que le ministère de l’Intérieur soit plus transparent avec nous dans son travail, que nous sachions davantage qui s’occupe de la prévention suicide. Le dossier nous donne l’impression d’être traité par tout le monde et personne à la fois. Il faudrait ensuite créer des cadres de dialogue au sein des commissariats, permettre aux policiers d’exprimer ce qu’ils ressentent. Au retour d’une intervention difficile, aucun «debrief» collectif n’est jamais prévu, par exemple. C’est une initiative simple mais qui permettrait à chacun de confier son ressenti, faire son autocritique ou même se féliciter si besoin. Certaines angoisses se régleraient facilement si elles avaient la possibilité d’être évacuées.
Aujourd’hui, il est difficile pour un policier d’avouer son mal-être ?
C’est quasiment impossible. Il fait partie du métier de policier de se montrer fort, courageux. Pourtant chacun rencontre à un moment ou un autre des doutes, des questions, des difficultés. Mais montrer qu’on a des failles, c’est prendre le risque d’être stigmatisé, exclu du groupe. D’autant plus que la hiérarchie voudra retirer son arme à cet homme, et qu’il ne pourra donc plus aller sur le terrain. Quand vous êtes un passionné de terrain, vous retrouvez à exécuter des tâches de bureau ne fera qu’accentuer votre malaise.
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