"Ce n'est pas une belle médecine que l’on fait en réa covid"

30 mars 2021 | Stress Travail et Santé

Un an de Covid en réa, c’est usant, épuisant et révoltant. Lucas, interne à Lyon a accepté de raconter une partie de son quotidien à WUD.

Je suis interne aux urgences en fin de cursus et j’ai passé un an en réa covid. L’an passé, nous avons pris la première vague des cas Covid en mars à Lyon. En deux jours, nous avons rempli le service de patients graves. A cette époque, nous ne savions pas vraiment comment ça allait nous toucher. On s’est jeté dans la bataille très motivés en se disant que ça allait durer quelques semaines. Un an après, on y est encore et on n’y arrive toujours pas. 

En réa Covid, nous faisons du symptomatique. La réanimation, les soins que l’on prodigue, tout ça, ça abime. On le sait que les patients covid sont hospitalisés pour longtemps, c’est un vrai marathon dans lequel ils entrent. Les jeunes s’en sortent mais avec un an ou deux de rééducation. Vraiment ça plombe. 

L’été est arrivé et on a vu une brève éclaircie. Les patients étaient moins nombreux, nous avons pu souffler un peu. Mais, par crainte de leur refiler le covid, je ne suis pas allé voir mes parents à ce moment-là. Sincèrement, c’est difficile dans une période comme celle-ci, d’être privé de ses proches. On en a marre de ne pas voir nos proches, ne pas pouvoir voir autre chose que d’être à l’hôpital.

Et depuis novembre, on a eu un pic et on n’est pas redescendu. Les patients s’enchaînent et nous, on s’épuise. On peut plus prendre de repos parce qu’on manque de bras. On est bloqué tous ensemble dans la même merde. Ce sont des équipes humaines qui demandent des moyens pour travailler mieux, qui tiennent l’hôpital public à bout de bras. Et cela, depuis des années. Sans les personnels médicaux et paramédicaux, l’hôpital ne pourrait pas continuer à tourner. 

Ce n’est pas une belle médecine que l’on fait en réa covid. C’est une médecine dégradée. Une médecine sans contact humain. Une médecine où l’on annonce la mort d’un patient par téléphone à sa famille. Nous, nous n’avons aucun contact avec le patient ou sa famille. Les mauvaises nouvelles sont ultra difficiles à gérer. 

Lire la suite, « « Je n’ai pas envie de continuer à sacrifier ma vie »« , sur le site www.whatsupdoc-lemag.fr

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