Voir l’article d’Annie Kahn sur le site du Monde.
Julien, 43 ans, chirurgien en oncologie digestive dans un hôpital parisien, se doit de faire des pauses. « Je me repose surtout de l’annonce difficile du cancer, du diagnostic, de l’échec des traitements », explique-t-il dans le webdocumentaire A l’heure de la pause diffusé en exclusivité sur Le Monde.fr depuis le 5 avril, pour les abonnés, et en accès libre à partir du 11 avril.
Pendant ses micro-interruptions, le chirurgien ratisse, empile des cailloux dans son jardin japonais de la taille d’une boîte à chaussures. « Je crée des chemins, des routes. Cela mène la réflexion là où elle doit aller », ajoute-t-il.
Des études scientifiques ont effectivement montré que regarder la nature, est une alternative au grignotage pour se remettre d’un coup de fatigue.
Ces jardins zen sont néanmoins peu nombreux dans les entreprises. Alors que les jeux de cartes sur ordinateur ou téléphone portable – plus discrets – ont la cote. Entre quelques pauses café, ou cigarette, seul, ou avec des collègues, occasions de bavardages familiaux ou ludiques qui éloignent un instant des préoccupations professionnelles et du stress du moment.
TRAVAILLER SANS ARRÊT DÉGRADE LES PERFORMANCES
Longtemps cachées, prises à la sauvette, par crainte de se faire critiquer pour atteinte à la productivité, ces pauses ont désormais droit de cité, voir sont recommandées dans certaines sociétés. Car elles seraient bénéfiques, à qui sait ne pas en abuser.
En juin 2012, le magazine américain Forbes consacrait un article aux huit façons de se détendre pour être plus productifs. « Des pauses brèves et peu nombreuses favorisent la concentration », affirment Alejandro Lleras et Atsunori Ariga, deux professeurs en psychologie de l’université de l’Illinois, dans un article de la revue Cognition. Ils ont testé ce phénomène sur 84 personnes à qui il était demandé de faire un travail très répétitif sur ordinateur. Ceux qui ont dû travailler sans s’arrêter ont vu leur performance se dégrader à la différence des autres.
Et pour cause : le cerveau a besoin de faire des pauses et le signale, ont prouvé Florent Meyniel et Mathias Pessiglione, deux chercheurs en neurosciences à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris (Le Monde du 9 février 2013).
Bruno, 23 ans, agent forestier, n’a pas besoin de jardin zen pour écouter les bruits de la nature et regarder les arbres. Et pourtant lui aussi ressent le besoin de s’arrêter de temps en temps, pour profiter pleinement de cette nature, en silence, selon le webdocumentaire du Monde.fr. Afin de se reposer « surtout moralement. Parce que je dépense beaucoup d’énergie à contourner les ordres pour préserver ma forêt », dit-il. La nature ne prend pas parti.
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