La mort tragique d'un ingénieur du Technocentre Renault à Guyancourt

Stress Travail et Santé

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Selon notre décompte, réalisé avec les syndicats sur quatre des onze sites du groupe en France, 10 suicides et 6 tentatives liés aux conditions de travail sont à déplorer depuis 2013.

Chez Renault,on les appelle les cadres à haut potentiel. Brahim E. était l’un d’eux. Mais dans la nuit du 23 au 24 novembre 2016, l’ingénieur de 44 ans est décédé des suites d’un malaise cardiaque, survenu dix minutes après le début de son entretien préalable à un licenciement, au Technocentre de Guyancourt (Yvelines).
Il y a quelques semaines, l’enquête du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a conclu que le stress lié à ce rendez-vous était à l’origine du décès. « Après un problème de conception sur un modèle, la direction a voulu faire un exemple et Brahim a porté le chapeau, assure le syndicat SUD.
Le 10 novembre, lorsqu’il est convoqué, son monde s’écroule, il se remet à fumer, pleure et ne mange plus. Son corps n’a pas supporté. » Pourtant, l’ingénieur n’avait jusque là aucun problème de santé. Peu avant le drame, un médecin avait même donné son feu vert à sa participation à une course à pied.

Le management par la terreur

Embauché au début des années 2000, bien noté, le père de trois enfants a connu une évolution professionnelle continue jusqu’à devenir directeur de l’ingénierie de l’usine de Tanger (Maroc), qui emploie 3 000 à 4 000 personnes. Tout se gâte lorsque Renault rappelle il y a un an 43 000 exemplaires de sa Dacia Dokker produite au Maroc. « Il y avait un problème de serrure, poursuivent ces mêmes syndicalistes. Pour baisser son coût, un composant a été enlevé. Résultat, le véhicule ne remplissait plus les conditions d’homologation. »
Pour les différents responsables syndicaux aucun doute : « Jamais une personne seule ne prend une telle décision. C’est forcément collégial. La direction voulait un coupable et ils ont pris Brahim. »
Une histoire tragique qui illustre l’ambiance chez Renault depuis plusieurs années. « La direction veut construire des voitures toujours plus vite à des coûts toujours plus bas, les salariés sont sous pression, ne comptent pas leurs heures. Et quand ça coince, des têtes tombent, résume un cégétiste. C’est le management par la terreur. »
Via le site du Parisien

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