Des milliers de professionnels de santé, tous métiers confondus, dénoncent les conditions de travail dans l’hôpital public. Le gouvernement a promis de nouvelles mesures mercredi [20 novembre]
L’hôpital public craque de toutes parts. C’est le message que tentent d’envoyer les professionnels de santé au gouvernement depuis plusieurs mois. Jeudi 14 novembre, ils étaient des milliers de médecins, infirmiers, aides-soignants et internes des hôpitaux publics à défiler partout en France, dont 10 000 à Paris, pour dénoncer leurs conditions de travail et réclamer un « plan d’urgence ». Face à ce mouvement inédit, Édouard Philippe a promis de nouvelles mesures, dès le 20 novembre. Franceinfo vous résume la situation compliquée de l’hôpital public en infographies.
1. La fréquentation des urgences a doublé en 20 ans
2. Des lits sont supprimés année après année
Les fermetures de lits d’hospitalisation complète (avec au moins une nuit à l’hôpital) se poursuivent. Leur nombre est même passé sous la barre symbolique des 400 000 : les 3 046 établissements de santé publics et privés disposaient exactement de 399 865 lits en 2017, selon un rapport publié par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). En une vingtaine d’années, 100 000 lits ont ainsi été supprimés, au grand dam des urgentistes qui dénoncent le manque de débouchés pour hospitaliser leurs patients. La perte de capacité d’accueil des hôpitaux a été très partiellement compensée par des créations de places d’hospitalisation partielle (sans nuitée) : 800 ont été ouvertes en 2017, portant le total à près de 75 500.
3. L’hôpital de jour est privilégié
Depuis quelques années, l’hôpital français a pris le « virage ambulatoire », c’est-à-dire une prise en charge médicale sans hospitalisation complète. Ce mouvement s’est traduit par une nouvelle hausse des hospitalisations partielles en 2017 (16,8 millions de journées, soit +2%) et un nouveau tassement des hospitalisations complètes (119,3 millions de journées, soit -0,8%). Une telle progression est possible grâce aux progrès de la médecine, et notamment de la chirurgie qui est de moins en moins invasive. Mais cela correspond aussi à des incitations financières pour les hôpitaux privés ou publics. Une opération réalisée sans nuitée représentera un coût bien moins élevé qu’une hospitalisation complète pour l’établissement.
4. Les Allemands ont plus de lits d’hôpitaux par habitants que les Français
Les files d’attente des patients, debout dans les couloirs ou assis sur des sièges, sont devenues des images récurrentes dans les hôpitaux français. En cause, notamment : la diminution du nombre de lits disponibles. Selon la Banque mondiale, la France disposait ainsi de 6,5 lits d’hôpitaux pour 1 000 personnes en 2013. C’est moins qu’en Allemagne (8,3), en Autriche (7,6) ou en Hongrie (7), mais bien plus qu’au Royaume-Uni (2,8), en Espagne (3) ou encore au Portugal (3,4).
5. Les infirmiers français sont parmi les moins bien payés
L’augmentation des salaires est l’une des revendications principales des infirmiers en grève dans les hôpitaux. Et pour cause, le salaire de ces professionnels de santé est particulièrement bas, à en croire les comparaisons internationales. Selon l’OCDE, il était même inférieur au salaire moyen français, en 2015… et parmi les plus bas des pays membres. A titre de comparaison, en Espagne, le salaire des infirmiers représente 1,27 fois le salaire moyen du pays, et même 1,79 fois le salaire moyen au Mexique. Face à cette grogne, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a promis fin octobre un « plan de soutien » qui mettra l’accent sur « un meilleur investissement courant » et « la revalorisation des salaires, notamment en début de carrière ». Quelques mois auparavant, la prime mensuelle de 100 euros n’avait pas satisfait les professionnels en grève.
6. Les arrêts maladie sont plus nombreux que dans d’autres secteurs
Face à la pression et aux conditions de travail, de nombreux personnels de santé ont dû s’absenter de l’hôpital. Ainsi, l’ensemble des employés du secteur hospitalier a déclaré en moyenne 10 jours d’absence pour maladie par an, contre 7,9 en moyenne dans tous les secteurs. Les plus touchés sont les infirmiers et les aides-soignants des hôpitaux publics. « Ces écarts s’expliquent par des différences de conditions de travail, notamment d’exposition aux contraintes physiques, explique la Drees dans un rapport de 2017. Les contraintes psycho-sociales et les exigences émotionnelles en particulier constituent également des déterminants importants de recours aux arrêts maladie. »
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