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Le live proposé par Mediapart ce soir, « Travail en miettes, chômage de masse » m’a inspiré quelques réflexions. Tout d’abord, un souvenir d’étude, le fameux ouvrage de Georges Friedmann, « Le Travail en miettes », paru il y a longtemps déjà (1956), et qui est un ouvrage de référence en sociologie du travail par son contenu et sa postérité. Il y était déjà question de déshumanisation du travail des ouvriers sur les chaînes de montage…

Ce qui est terrible, c’est qu’au lieu de tirer des conséquences de cette analyse et de celles qui l’ont suivi, on a au contraire renforcé la division du travail et surtout on l’a étendu au secteur tertiaire. Le travail en miettes ne concerne plus seulement l’ouvrier de l’industrie, mais il concerne aussi le salarié de Mac Donald’s, ceux qui travaillent dans les banques et les assurances et gèrent des dossiers par procédures standardisées, etc, etc. Il faut toujours courir après ces maudits gains de productivité et tant pis si pour cela, il faut broyer des vies humaines en utilisant le management par le stress, par exemple.
On en arrive à un non-sens absolu : toujours plus de pression et de rendement exigé de ceux qui travaillent, et toujours plus de chômeurs puisque les gains de productivité ont un objectif essentiel : économiser du travail. Autre aberration: on aura beau pressurer les salariés jusqu’à la moelle, il y aura toujours plus compétitif (c’est-à-dire moins cher) quelque part dans le reste du monde (notamment pour tout ce qui est biens de consommation banalisés, dont on peut standardiser la production).
Le travail retrouve son sens initial : le tripalium , qui était un instrument de torture de l’époque romaine. On pourrait aussi dire que le travail a perdu tout sens quand il est aussi déshumanisé. Des gens comme Marie Pezé ou Christophe Dejours, spécialistes de la souffrance au travail, en parlent très bien. « Perdre sa vie à la gagner », n’est-ce pas un peu le résumé, certes brutal, de la situation contemporaine?
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