Les inégalités professionnelles entre femmes et hommes

Femmes Au Travail

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Lors des Rendez-vous de Grenelle du 12 juin 2018, Selma Mahfouz, directrice de la Dares, a présenté un focus dédié aux inégalités professionnelles entre femmes et hommes.

Les femmes restent moins présentes que les hommes sur le marché du travail, après une forte hausse de la participation féminine.
En 2017, 83 % des femmes de 25 à 49 ans sont en activité en France métropolitaine, soit dix points de moins que les hommes du même âge. Lorsqu’elles sont en emploi, les femmes travaillent beaucoup plus souvent à temps partiel que les hommes : sur la même tranche d’âge, le taux de temps partiel atteint 28 % pour les femmes, contre 6 % pour les hommes.

Graphique 1 : évolution des écarts de taux d’activité, de taux de temps partiel et de taux de chômage entre hommes et femmes – écarts de taux, en points de %

inégalités professionnelles entre femmes et hommes - Graphique 1 : évolution des écarts de taux d’activité, de taux de temps partiel et de taux de chômage entre hommes et femmes - écarts de taux, en points de %

La participation des femmes au le marché du travail a nettement progressé au cours des dernières décennies : l’écart de taux d’activité entre hommes et femmes atteignait 38 points en 1975, car alors seule une femme sur deux était active. Cette insertion des femmes dans l’activité s’est faite en partie par l’occupation d’emplois à temps partiel : l’écart de taux de temps partiel entre femmes et hommes s’est fortement creusé entre 1980 et 2000, passant de 15 à 26 points (graphique 1). Depuis le début des années 2000, les écarts diminuent à la fois sur le taux d’activité et sur le taux de temps partiel. Ces dernières années, le taux d’activité des femmes semble se stabiliser, marquant peut-être la fin d’un long processus de hausse de la participation féminine.
En ce qui concerne le taux de chômage, un écart de 2 à 4 points en défaveur des femmes a persisté de 1975 à 2000 pour la tranche d’âge des 25-49 ans, puis il s’est résorbé et même ponctuellement inversé en 2015. Si l’on considère les personnes inactives qui souhaiteraient travailler (halo autour du chômage), les femmes étaient encore majoritaires fin 2017 pour cette tranche d’âge (61 %), mais cette part aussi se réduit progressivement depuis une dizaine d’années.
 

La maternité est un facteur important de réduction de l’activité des femmes

Les taux d’activité féminins sont plus faibles si l’on considère les mères avec de jeunes enfants. Le taux d’activité des femmes diminue avec le nombre d’enfants à charge du ménage : de 88 % lorsqu’il n’y a aucun enfant, il passe à 85 % avec un enfant puis descend à 64 % avec trois enfants ou plus (graphique 2). Cette baisse est encore plus prononcée avec la présence d’enfants en bas âge. Le taux d’activité des hommes a au contraire tendance à augmenter avec la présence d’au moins un enfant (de 90 % à 96 %), puis il reste stable, quel que soit le nombre ou l’âge des enfants à charge.

La baisse du volume de travail au moment de la maternité est un handicap à long terme pour la carrière des femmes.
L’arrivée du premier enfant est en effet un élément déclencheur de différences de trajectoires entre les femmes et les hommes. Pour les non-diplômés du baccalauréat, la probabilité d’être promu employé ou ouvrier qualifié augmente d’un tiers pour les hommes à partir du premier enfant, alors qu’elle se réduit d’un tiers pour les femmes à partir du 3e enfant.

Par ailleurs, les femmes interrompent ou réduisent plus souvent leur activité que les hommes, non seulement pour élever leurs enfants, mais aussi pour venir en aide à leurs proches. En 2008, 60 % des personnes de 22 à 60 ans venant en aide à un proche malade, âgé ou handicapé dans sa vie quotidienne étaient des femmes, et celles-ci y consacraient un plus gros volume horaire que leurs équivalents masculins. 17 % de ces « aidantes » déclaraient avoir dû aménager pour cela leur vie professionnelle, contre 10 % des « aidants » masculins.

Graphique 2 : taux d’activité des hommes et des femmes selon le nombre d’enfants dans le ménage en 2017 – en %

inégalités professionnelles entre femmes et hommes - Graphique 2 : taux d’activité des hommes et des femmes selon le nombre d’enfants dans le ménage en 2017 - en %

Graphique 3 : évolution de la proportion de diplômés de l’enseignement supérieur parmi les 25-29 ans – en %

inégalités professionnelles entre femmes et hommes - Graphique 3 : évolution de la proportion de diplômés de l’enseignement supérieur parmi les 25-29 ans - en %

Les femmes occupent des postes moins qualifiés que les hommes, dans des entreprises moins rémunératrices


En dépit de leur niveau d’études plus élevé, les femmes occupent des postes moins qualifiés que les hommes. En 2017, il n’y a que 15 % de cadres parmi les femmes en emploi, contre 21 % parmi les hommes en emploi. La part des cadres a progressé de façon parallèle pour les femmes et les hommes depuis le début des années 1980, avec un écart constant de six points (graphique 4). Ce faisant, la part de femmes parmi les cadres est passée d’environ 20 % au début des années 1980 à 41 % en 2017. L’augmentation est particulièrement nette dans certains métiers de haut niveau tels que les professionnels du droit, les cadres des services administratifs, comptables et financiers ou les cadres de la banque et des assurances. Si les femmes occupent moins souvent des postes de cadres, elles sont plus fréquemment sur des emplois de professions intermédiaires. La part de professions intermédiaires dans l’emploi s’élève en 2017 à 28 % pour les femmes contre 23 % pour les hommes, alors que les deux proportions étaient similaires au début des années 1980 (20 %).

Au-delà du niveau de qualification, les femmes tendent à occuper des métiers différents des hommes : en 2015, elles sont 45 % à travailler dans les secteurs de l’administration publique, enseignement, santé humaine et action sociale, contre 19 % pour les hommes. À l’inverse, les hommes sont 19 % à travailler dans l’industrie, et 11 % dans la construction, contre respectivement 8 % et 1 % seulement pour les femmes. Sur les années 2010-2012, la part des femmes approchait ou dépassait les 90 % dans les métiers suivants : assistantes maternelles, aides à domiciles, employés de maison, secrétaires et secrétaires de direction, coiffeurs ou esthéticiens, infirmiers et aides-soignants. Toutefois, la mixité des métiers s’améliore lentement depuis 1995.

Dans l’ensemble, les métiers les plus féminisés tendent à être les moins rémunérateurs : en 2012, le salaire horaire net moyen des métiers dits « féminins » était inférieur de près de 19 % à celui des métiers « masculins »10. Les cinq métiers aux salaires horaires les plus faibles sont ainsi des métiers à dominance féminine : aides à domicile et aides ménagères, employés de maison, coiffeurs et esthéticiens, assistantes maternelles, agents d’entretien. Ainsi, même à niveau de poste égal, les femmes tendent à se concentrer dans les entreprises et secteurs d’activité qui versent les salaires les plus modestes.

Graphique 4 : évolution des proportions de cadres et de professions intermédiaires parmi les personnes en emploi, selon le sexe – en %

inégalités professionnelles entre femmes et hommes - Graphique 4 : évolution des proportions de cadres et de professions intermédiaires parmi les personnes en emploi, selon le sexe - en %

L’écart de rémunération en défaveur des femmes découle en partie des différences de situation professionnelle

En 2014, les revenus salariaux des femmes en emploi sont inférieurs de 24 % à ceux des hommes. Ceci tient en partie à des temps partiels plus fréquents que pour les hommes, mais même lorsqu’on en tient compte, il subsiste 17 % d’écart sur les salaires par équivalent temps plein. L’écart de revenu salarial a diminué de 4,2 points depuis le début des années 2000 (graphique 5), du fait principalement de la réduction des écarts sur le nombre d’heures travaillées. L’écart de salaire par équivalent temps plein ne recule pour sa part que légèrement.

Lire la suite de l’étude sur les inégalités professionnelles entre femmes et hommes sur sur le site de la DARES


Le thème des inégalités femmes – hommes sur le site Souffrance & Travail

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